Si les discussions vont bon train au sujet de la pertinence d'une mise en place d'une consigne pour certains emballages tels que les bouteilles en plastique, il est un secteur pour lequel le sujet ne fait pas débat, celui de la vente à emporter. Trois startups se sont lancées dans le développement d'emballages lavables et réutilisables à proposer aux commerçants, assortie d'un service de collecte et de lavage des emballages souillées.
Des bénéfices environnementaux rapides
Pour démarrer et créer simplement les premiers changements de comportement, l'entreprise francilienne Reconcil a choisi d'utiliser des boîtes du marché, qu'elle a sélectionnées pour leur conception monomatériau, en polypropylène – un plastique qui supporte le micro-ondes - et recyclable. Quant au système de consigne (2 € par emballage pour être suffisamment incitatif au retour par rapport à la valeur de la boîte), il est géré manuellement par le commerçant.
Les services de collecte et de lavage sont opérés en partenariat avec des structures de l'économie sociale et solidaire (ESS). Sur la base d'une analyse de cycle de vie, il apparaît que le bénéfice environnemental est obtenu après seulement 4 utilisations alors que l'emballage est réutilisable 25 fois.
Des consignes numériques
Ce choix d'une offre d'emballages lavables et éco-conçus a aussi guidé la startup Niiji, implantée dans les Hauts-de-France. Cette startup a développé Eat&Back, des Lunchbox lavables multi-compartiments produites à base de matériaux biosourcés. Un point différentiel de Niiji est aussi de penser son service avec un système de consigne numérique qui doit faciliter pour les commerçants la gestion du prêt des lunchbox, via une application qui enregistre la consigne "virtuelle" avant de la restituer si l'emballage est rapporté dans un délai donné.
La lunchbox étant un produit à plus haute valeur ajoutée qu'un emballage standard, la consigne est plus élevée pour être incitative. Le modèle économique pour Eat&Back repose ainsi sur un achat (ou location) des lunchbox par les commerçants associé au service de collecte et lavage, assuré via des entreprises de l'ESS.
Une chance à saisir pour les commerçants
Mais pour ces initiatives, l'enjeu est de parvenir à faire converger les enjeux environnementaux avec les contraintes économiques des commerçants restaurateurs. La fourniture d'emballages jetables d'un restaurant à emporter représente 3 à 5 % du chiffre d'affaires selon le matériau utilisé, un chiffre amené à augmenter avec les interdictions des pièces plastiques à usage unique inscrite dans les objectifs européens et français en 2020. Il y a donc là, pour les commerçants, matière à amortir un service nouveau tout en entrant dans une dynamique écologique. Une vision qu'entend bien partager une troisième startup, Meesoon qui est également en train de monter son activité sur ce créneau de marché.